En Australie et en Nouvelle-Zélande, sous la pression de vanlifers venus du monde entier, se développe un juteux business de vans d’occasion. Réparés à la hâte, après avoir parcourus des centaines de milliers de kilomètres, ces véhicules cachent parfois de gros soucis mécaniques. Certains Français, victimes d’une véritable escroquerie, racontent leurs mésaventures.
Max et Lou, deux voyageurs partis vivre sur les routes du monde, ont posé leur sac à dos en Nouvelle-Zélande (NZ) en juin 2018, avec l’objectif d’y travailler et d’acheter un van. À priori, rien de très original ! La mise en place du Visa Vacances-Travail, le fameux PVT, favorise l’accueil et l’embauche de jeunes étrangers en quête d’un petit boulot. Le couple raconte la suite sur leur blog Les Voyages de Maxylou : « Dès notre arrivée en NZ, nous avons acheté un premier van auprès de deux Anglaises qui l’avaient aménagé. L’achat se passe bien. Le van a beaucoup de kilomètres mais il est fiable et spacieux ».
Compteur trafiqué
Fort de cette première expérience concluante, ils se lancent dans l’achat d’un second van, en prévision de la visite du père de Lou qui vient passer des vacances en NZ. Ils rencontrent alors Michel (le prénom a été changé), un Néo-Zélandais. «Il nous explique qu’il rachète des vans à des entreprises, qu’il leur fait passer le contrôle technique (le WOF, en NZ) et la norme Self-Contained qui reconnait l’autonomie du véhicule et autorise le camping gratuit. Les véhicules sont ensuite revendus ».
Lou et Max se gardent de toute précipitation et font jouer la concurrence. Un véhicule comparable retient leur attention, mais, après la vérification de l’historique disponible en ligne (VIR – Vehicule Information Report), il s’avère que le compteur a été trafiqué… Ils décident donc de revenir vers Michel. « Le van trouvé n’est pas incroyable (il date de 1996) mais c’est loin d’être un tas de ferraille. Il est un peu rehaussé et rallongé, il a 250 000 km au compteur et il est prêt à partir, le WOF ayant été validé quelques jours auparavant. Le prix semble juste : 5700 dollars plus tard, nous repartons avec le van. On commence alors très rapidement les travaux d’aménagement ».
Pour autant, Lou et Max ne sont pas forcément tranquilles. Un faisceau d’indices les pousse à consulter un mécano « afin d’avoir un avis objectif sur l’état du véhicule ». Celui-ci les rassure immédiatement. Rien à signaler, ou si peu.
« Puisque nous voulons vendre les 2 vans au retour des vacances, nous décidons de passer le contrôle technique avant de partir pour gagner du temps ». Le résultat leur donne le vertige ! « une dizaine de lignes de réparation sont à faire. Pourtant, le véhicule n’a pas bougé depuis l’achat. » Parmi toutes les remarques du contrôle technique, l’une d’elles semble plus grave. Elle recommande un rapport officiel d’un carrossier attestant que le van n’a pas de rouille structurelle.
« C’est un sacré choc pour nous. On se demande comment la rouille a pu passer au travers du dernier WOF. On commence à comprendre qu’elle a été masquée pour la vente ».
Nous avons tout perdu !
« Le van est irréparable. Ce n’est pas seulement un peu de rouille structurelle. La carcasse du van a LITTÉRALEMENT été rongée par la rouille et remplacée par une matière injectée dans les trous et recouverte de peinture. Maintenant que l’étendu des dégâts à été signalé, nous n’avons légalement plus le droit de s’en servir. Le moindre choc serait très dangereux car la carrosserie ne protège plus les passagers, et peut carrément les blesser. C’est simple, on peut tordre la tôle avec les mains. Le choc est vraiment dur à encaisser. Nous avons tout perdu ».
Très en colère, Lou pointe du doigt une véritable organisation frauduleuse. « Ce n’est pas la faute à pas de chance ! Nous avons été victimes d’une véritable arnaque, ni plus ni moins. Ils savent où trouver les étrangers, et ils savent qu’avec la durée de nos visas, notre mode de vie et nos budgets serrés, nous ne pouvons pas les faire tomber ».
Le van a fini à la casse et le couple a perdu l’essentiel de ses économies… Terrible désillusion.
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C’est quoi le WoF ?
En Nouvelle-Zélande, le WoF (Warrant of Fitness) correspond, à peu de choses près, à notre contrôle technique. À la différence de chez nous, les visites se font tous les 6 mois ou 12 mois selon la date de première immatriculation du véhicule. Avant le 1er janvier 2000, c’est tous les 6 mois.
Une vignette sur le pare-brise confirme la certification et indique la date de passage du prochain contrôle. L’inspection porte sur le bon fonctionnement des organes de sécurité (lumières, freins, airbag, pneus, ceintures de sécurité, fermeture des portes, etc.) et oublie de nombreux aspects du véhicule, comme l’état du moteur, de la transmission ou la corrosion lorsqu’elle se concentre sur les parties non-structurelles du véhicule. D’une manière générale, évitez d’acheter un véhicule dont le WoF date d’il y a 5 mois. Le WoF se fait dans la plupart dans des garages pour environ 75 dollars.