Spécialiste de l’aménagement de vans, Font Vendôme est à l’origine du premier toit levable à parois rigides isolées. Étroitement lié au lancement de la marque il y a 40 ans, ce toit unique en son genre est indissociable d’un modèle de référence conçu sur base VW T3 : l’Auto Camp, un petit fourgon aussi révolutionnaire que son toit.
Un toit à parois rigides révolutionnaire
1970 à Paris. Claude Martinot est responsable d’un atelier de carrosserie et mécano hors pair. Régulièrement, des clients le sollicitent pour aménager leur Estafette, leur Type H ou leur J7. L’activité prend de l’ampleur et l’atelier devient trop petit pour laisser libre cours aux ambitions du talentueux M. Martinot. Lequel, en 1978, retourne s’installer à Brantôme, dont il est originaire (Dordogne), pour monter sa propre affaire. La même année, il crée la marque d’aménagement qui porte le nom du lieu-dit : Font Vendôme est née.
Dès le départ, l’activité repose sur la conception d’un toit isotherme breveté, le “Bellevue Eldorado“, dont les parois rigides sont entièrement isolées en polyuréthane. « Nous étions les premiers à mettre au point ce système d’isolation, avec des parois de type panneaux sandwich et un toit double coque » déclare-t-il fièrement. « Il garantissait la fraîcheur en été et préservait la chaleur en hiver. Il a connu un très grand succès. On le fabriquait et on le posait dans la journée ; les clients venaient de toute la France pour le faire installer sur leur véhicule ».
En Europe, à la même époque, l’aménageur anglais Bedford dispose déjà d’un toit rigide sur son Auto-Sleeper, mais sans isolation. Autre avantage du modèle Font Vendôme sur son concurrent anglais, ses parois latérales – dotées de moustiquaires – se rabattent sous la coupole afin d’offrir une bonne ventilation et une vue panoramique. L’essor du toit rigide vient bousculer l’hégémonie des toits relevables en toile du mythique aménageur Westfalia…
Auto Camp : l’Auto transformable en Camping-car
En 1979, l’arrivée du T3, troisième génération du Transporter Volkswagen, va bénéficier au lancement de la marque française et de son équipement phare. Sur ce nouveau porteur, l’aménageur périgourdin conçoit un nouveau modèle qui deviendra emblématique : l’Auto Camp.
Cet aménagement précurseur pour quatre personnes met en œuvre une grande banquette convertible en un couchage double (190 x 120 cm) et dispose de tout l’équipement d’un camping-car. Bloc cuisine latéral, réfrigérateur 60 L, penderie, soute arrière et double plancher central, rien ne manque. Le toit rigide parachève le tableau. Levable en un clin d’œil, il autorise la station debout sur toute la longueur du véhicule sous 2,02 m de hauteur et abrite un lit tiroir pour deux.
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Discret et compact, l’Auto Camp tire son nom de sa vocation à transformer la confortable auto du quotidien en véritable camping-car. Le moteur essence (60, 72 ou 112 ch) du T3, refroidi à l’air, va être ensuite décliné en version diesel (57 et 72 ch) puis passer au refroidissement à eau. Durant les années 80, les Westfalia Joker et California sur VW T3 se révèlent de redoutables concurrents, mais l’Auto Camp résiste. Sa discrétion, son habitabilité à toute épreuve et son toit 4 saisons le rendent irrésistible.
Il connaît de multiples variantes. « Quand j’ai lancé Font Vendôme, c’était le modèle qu’on vendait le plus », explique Claude Martinot. « On l’a même décliné en Auto Camp Safari sur la base T3 Syncro 4×4, avec lequel des utilisateurs sont partis sur la route de la Soie ! ». L’Auto-Camp et son toit rigide verra le jour sur VW T4, Mercedes Vito et Renault Trafic.
La belle aventure de l’Auto Camp durera trois décennies, avant que Font Vendôme ne cesse sa production et celle des toits rigides en 2009. En 2014, l’Auto Camp revient au catalogue de l’aménageur sur Renault Trafic, désormais surmonté d’un toit relevable en toile… (Voir : En 2014, l’Auto-Camp renaît de ses cendres).
Un trentenaire bien conservé
Référence mythique de l’actuelle première marque sur le marché du fourgon en France, l’Auto Camp d’alors continue de faire rêver les passionnés. Près de Chartres, Manu a fait l’acquisition du sien il y a trois ans. « J’ai acheté ce VW T3 avec 102.000 km au compteur, moteur 1,6 l Turbo D, 77 ch. Il avait appartenu à une même famille depuis 1990 et était en excellent état », nous confie ce fondu de véhicules vintage. Pour cet Auto Camp trentenaire, aucune mécanique ou restauration n’a été nécessaire, juste un bon nettoyage pour raviver les moquettes et sublimer le mobilier en bois brut.
« Avec ma femme, on part sur les routes régulièrement, Etretat, la Bretagne, la Baie de Somme… On a même parcouru 7.000 km au Portugal », renchérit-il fièrement. « Il est très discret et passe-partout. Et dès qu’on lève le toit, les gens sont fascinés par ce système jamais vu, et l’aménagement intérieur si fonctionnel et robuste ». L’Auto Camp et son 1,4 m3 de rangements astucieux impressionnent : coffre sous la banquette, deux grands tiroirs dans le coffre arrière, un immense double plancher côté porte coulissante, une penderie et de nombreux placards, WC chimique derrière le siège passager pivotant, bloc cuisine émaillé, avec réchaud à gaz et évier alimenté par 98 L d’eau propre.
Outre le fameux toit relevable “Bellevue Eldorado Junior Intégral” qui libère 2,02 m de hauteur intérieur et héberge un lit tiroir de 117 x 180 cm, le magnifique Auto Camp III de Manu a tout pour attirer l’œil, il est équipé d’une multitude d’options proposées par le constructeur : hublot rond, baie sur porte latérale, peinture décorative verte, galerie de toit, chauffe-eau, store-auvent de 3 m…, tout est d’époque ! Un condensé de vintage à lui tout seul.
Quel avenir pour le toit levable rigide ?
D’une hauteur supérieure à 2 m (2,15 m pour l’Auto Camp), les vans à toits levables rigides n’ont pas résisté aux évolutions réglementaires. La nouvelle classification des véhicules aux péages des autoroutes en 2001 (catégorie 1 réservée aux véhicules de moins de 2 m) et l’essor des barres de hauteur sur les parkings, ont été fatals au toit breveté Font Vendôme.
Aujourd’hui, seul JGC Créations propose un van avec toit à parois rigides ne dépassant pas les 2 mètres fatidiques (1,95 m replié). L’intérêt qu’il suscite et les progrès technologiques pourraient bien laisser présager une seconde vie pour ce type d’équipement. A suivre…
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