Si la tendance vanlife était en germe depuis plusieurs années, elle s’est considérablement accélérée avec la crise sanitaire et les confinements successifs qui l’ont accompagnée. Sans doute qu’il faudra du temps pour en mesurer pleinement les conséquences, tant elles sont nombreuses et diffuses, mais nous pouvons déjà en identifier plusieurs. Elles touchent aussi bien au cercle de l’intime – notre rapport à la nature et notre besoin de changement– qu’à l’accélération de la production et des tensions qui en résultent.
1 / Retour à la nature
Les confinements successifs ont agi comme un électrochoc et bousculé les priorités des Français qui ont soif de changement et souhaitent se mettre au vert, comme en témoigne l’explosion des demandes pour les résidences secondaires. La notion de refuge est d’ailleurs plébiscitée.
Associé à la vie en plein air, le van s’inscrit dans ce mouvement de fond très important. C’est le moyen de partir à tout moment, sans se soucier d’une réservation de train ou d’hôtel. Il permet des pauses salutaires durant lesquelles on peut vivre de nouvelles expériences, se frotter à une vie plus proche de la nature et revenir à des choses simples.
2 / Une très forte médiatisation
Il faut mesurer le chemin parcouru ! En quinze ans, l’image des vans & fourgons aménagés a complètement basculé, passant du statut de véhicules mal-aimés à celui d’objets de désirs ! De l’ombre à la lumière. Même la presse féminine lui consacre aujourd’hui des articles… C’est dire ! Depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020, on ne compte plus les reportages qui font l’éloge du camping-car en général…
« La forte médiatisation du secteur a réveillé des rêves d’évasion chez de nombreux clients qui y pensaient depuis de longues années, mais n’avaient pas encore sautés le pas » analyse Emmanuel Guinhut, directeur général du groupement SLC.
L’édition n’échappe pas au mouvement et saute dans le train en marche. On ne compte plus les magazines opportunistes et les ouvrages sur la vanlife réalisés par des utilisateurs.
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3 / De polyvalence avant tout
Mieux informés, les nouveaux clients ciblent en priorité les véhicules polyvalents, faciles à garer, utiles en toutes circonstances, y compris pour les usages du quotidien.
Selon la position du curseur sur l’échelle de la polyvalence, ils peuvent s’orienter vers un Reimo Weekender Plus ou un California Beach, par exemple. A moins qu’ils ne préfèrent à l’autre bout de l’échelle un JCG Créations V7 CT, sensiblement mieux équipé, offrant un maximum de fonctions (douche, WC et lit transversal permanent). Dans cette catégorie, émergent aussi d’autres modèles comme le Stylevan Austral IV ou le Font-Vendôme Auto-Camp XL.
5 / Un besoin de souplesse dans l’organisation des vacances
Les incertitudes qui pèsent sur les prochaines vacances poussent de nombreux voyageurs à préférer les séjours individuels aux vacances organisées en groupe. De plus en plus de personnes veulent préserver un équilibre entre planification et spontanéité.
Au travers d’une enquête réalisée en avril par RoadSurfer auprès de 1800 personnes, les personnes interrogées plébiscitent les vacances itinérantes : 96 % souhaitent visiter au moins deux lieux différents. Les vacances classiques autour d’une seule destination sont en perte de vitesse.
Cette enquête révèle aussi le très fort besoin de voyages. 96 % veulent absolument voyager en 2021, et pour 56 % d’entre eux, ce besoin a même augmenté par rapport à l’année dernière.
6 / Moins de salons, plus de digital et de vidéo
Faute de participer à des foires et salons, les constructeurs ont repensé leur visibilité et développer une véritable stratégie de communication numérique, comme le reconnaît le puissant groupe Erwin Hymer dans un communiqué. « Au cours des 12 derniers mois, nous avons obtenu des résultats très positifs en orientant nos initiatives de vente et de marketing vers les formats numériques“, déclare Martin Brandt, le PDG du groupe Erwin Hymer (EHG). “Nous avons utilisé avec succès les canaux numériques pour attirer des milliers de nouveaux clients et recueillir, avec nos partenaires distributeurs, leur enthousiasme pour nos nouveaux produits et offres.”
Le groupe Hymer ne tire pas un trait sur les grands salons, mais entend espacer sa participation tous les deux ans. « Nous adoptons un rythme qui est une pratique courante dans d’autres secteurs ». En d’autres termes, la pandémie accélère les transformations du monde du camping-car. L’information dont disposent les clients aujourd’hui sur internet n’exige plus un passage obligé sur les salons. Pourquoi affronter les foules quand vous pouvez sélectionner et visionner votre véhicule depuis votre canapé ?
De plus en plus, la vidéo prend le pas sur les échanges en présentiel. Les vendeurs se mettent en scène pour faire la promotion des modèles à vendre, avec parfois beaucoup de décontraction. Bien que guidée au départ par un impératif sanitaire, cette mesure pourrait se prolonger par la suite.
6 / Le boom des locations
La tendance vanlife a été dopée par la crise sanitaire et le besoin impérieux d’une reconnexion à la nature. Les chiffres de la location confirment cette croissance sans précédent au printemps dernier : « Les demandes ont bondi de 174% entre 2019 et 2020, ralliant de nombreux néophytes qui n’avaient jamais voyagé en van auparavant » rapporte au journal Le Monde Fabien Caujolle, responsable marketing de la plateforme Indie Campers, principal acteur de la location en Europe.
Tous les loueurs constatent une forte activité, et pas uniquement à la belle saison. « Confirmant les bons résultats enregistrés cet hiver, les prises de réservation pour l’été 2021 sont en hausse de 89% par rapport à 2020. La tendance qui se dessine suit celle de l’an dernier. Néanmoins, les particuliers anticipent davantage dans un marché contraint par une offre réduite de véhicules à disposition » précise Augustin Boyer, du réseau de location WeVan comptant depuis 2021 dix nouvelles agences en France.
7 / Tension sur la production
Dans un volume qui reste mesuré, rien à voir avec l’automobile, la part de marché des vans & fourgons aménagés rejoint celle du camping-car traditionnel, alors qu’elle n’était que de 5% au tournant des années 2000…
L’accélération est encore plus forte avec la pandémie. Sur les 12 derniers mois, la croissance des vans & fourgons atteint 83% (14437 unités). Cette bascule très importante pousse de nouvelles marques sur le chemin du van & du fourgon aménagés, telles qu’Autostar et Eura Mobil, et attise les convoitises du monde de l’automobile, à la recherche de nouveaux débouchés.
VOIR : le van double le camping-car
Toutes les entreprises tournent à plein régime et doivent ajuster leurs capacités de fabrication, comme le reconnaît Yoann Leborgne, de Reimo Eco Campers : « D’ici deux ans, nous prévoyons d’augmenter la production annuelle pour passer à 300 véhicules. En conséquence, nous n’aurons pas d’autres choix que de revoir l’organisation du travail et pousser les murs de l’atelier à Toulouse ».
C’est partout la même chose. Au sein de son usine de Mayenne, Rapido réalise une extension de 3000 m2 dans le but d’accueillir une nouvelle ligne de production pour répondre à la demande. Elle sera mise en service à l’automne. Le groupe Pilote n’est pas en reste. Au sein de son usine angevine, il a multiplié par trois sa production de vans aménagés à toit relevable en l’espace d’un an…
Quand la chaine d’approvisionnement ne suit pas, ces tensions sur la production affectent naturellement les livraisons…