Non, le Brexit n’a pas tout bousculé. Moins loin que la Norvège, l’Ecosse reste clairement la terre promise des voyageurs itinérants, un paradis naturel à découvrir sans tarder. Focus avec deux professionnels du tourisme écossais : bienvenue en « Heroic Fantasy » …de la route ! Un article de Julien Gilleron.

TEDDY HANLEY : Le loueur passionné

MARIE COULON : L’experte écossaise de coeur

✅ TEDDY HANLEY : LE LOUEUR PASSIONNÉ
Fondée en 1989, Easicampers tranche avec les majors de la location. Gérée de père en fils, l’entreprise familiale puise ses racines dans l’exploration des grands espaces, et c’est désormais Teddy Hanley qui en entretient l’esprit : offrir aux voyageurs une manière de découvrir l’Écosse – la vraie – au plus près de ses identités multiples. Car s’il est une terre promise de l’aventure mobile, c’est bien cette contrée. Vans, motorhomes et camperhomes, Fàilte gu Alba*. (*Bienvenue en Ecosse). 

« Cette terre vibre littéralement »

Si la famille Hanley a d’abord développé Easicampers en Angleterre (Lancashire), elle a vite saisi l’importance de transmettre leur passion pour l’Écosse. Aujourd’hui installé à Édimbourg, Teddy raconte comment il demeure fasciné par le « wilderness », la culture et les traditions intactes du pays. « Depuis 1989, nous avons vécu le développement et la démocratisation du tourisme, mais aussi ses dérives, sur fréquentation ou surconsommation : parfois la perte de contacts des visiteurs avec le terrain, les patrimoines Ecossais. Or, ces derniers sont époustouflants de diversité, et d’ancienneté. Je crois que jamais, nous n’avons perdu de vue cet amour pour ce territoire : cette terre vibre littéralement ».

La majesté brute des Highlands

D’abord, il y a la terre : Fells enneigés du Sutherland en hiver, longues journées d’été au cœur des glens verdoyantes, ou Highlands automnaux embrasés, « l’Écosse se révèle sous un jour unique à chaque période de l’année. En 20 minutes, on peut passer d’un village doré de lumière à la majesté brute des Highlands, du maritime au minéral, du britannique au nordique, sans parler des mythes et légendes celtes omniprésents. Aujourd’hui encore, je sens n’en avoir pas fait le tour…et continue de partir en repérages et découvertes dès que mon planning me le permet ».

Ajoutez-y un pays d’à peine 280 kilomètres sur 420, traversable d’ouest en est en 3 heures de route, et entouré de plus de 780 îles, et vous tenez l’une des plus belles destinations du monde.

Une réglementation rare…et une alliance ancestrale entre la France et l’Ecosse.

Ensuite, il y a la loi. « En plus d’offrir un terrain de jeu aussi varié que facilement arpentable, le pays a vite compris le potentiel du tourisme autonome – même si nous invitons régulièrement nos voyageurs à ne pas fonctionner qu’en autarcie : consommer en circuit local, rencontrer les producteurs, restaurants, acteurs territoriaux. Que ce paradis vanlife soit vertueux pour tous. Le stationnement et le camping y sont donc libres, contrairement à la majorité des pays européens où le camping-cariste est bien souvent… une ressource économique (sourire). Et les clients ne s’y trompent pas, notamment nos vieux amis… français. La « Auld Alliance » entre nos deux peuples, chaque écossais connait ! ».

Force est de constater qu’hormis la solidarité devant un crunch Angleterre-France (à vivre une fois dans sa vie dans un pub scottish), l’accueil des frenchies frappe par sa chaleur.

Une équipe locale et « routarde »

En plus de ses 150 véhicules de tous budgets et taille, Ted s’est entouré à Edinburgh d’un staff dont la solidarité repose sur la même volonté : une team resserrée, passionnée, et dont chaque membre continue d’arpenter l’Ecosse. « Le contraire m’eut semblé incohérent. Cela nous a toujours semblé indispensable : pour être à jour, faire en sorte que le voyage se déroule dans les meilleures conditions, et proposer des itinéraires bis, haltes secrètes ou anecdotes historiques. Chacun de nous possède sa vision du pays, mais aussi sa partie favorite. Nous évoquions la richesse incommensurable du pays : nous devons donner envie de revenir ».
Mais alors, quelle merveille secrète faut-il découvrir ? « L’un de mes plus beaux souvenirs se situe vers l’île d’Islay : ses whiskies rarissimes, son étendue ocre en novembre…et brusquement, ces montagnes arrondies qui surgissent. Fameux « Paps » d’Islay sortis de nulle part, grises comme l’ardoise. Inoubliable ». Rdv pris.

✅ MARIE COULON : L’EXPERTE ECOSSAISE DE CŒUR
C’est l’histoire d’une expatriée qui vous donnerait envie de partir illico. Responsable Europe chez VisitScotland, Marie pratique depuis plus de 10 ans l’Ecosse. Son crédo : encourager les visiteurs à voyager de manière responsable, et leur faire découvrir toute la diversité du pays. Parlez-lui de la convivialité des Ecossais et vous comprendrez pourquoi Edinburgh rythme sa vie. L’Office du Tourisme national livre une analyse indispensable à tout voyage en véhicule : Mrs Coulon nous explique.

L’engouement des Français pour l’Ecosse ne retombe pas. Comment l’expliquer ?

MC : Nos recherches ont montré que les Français étaient particulièrement sensibles à ses vastes paysages, ses châteaux, ses lochs, ses golfs, son whisky ou encore les randonnées uniques qu’elle offre. L’atmosphère indescriptible du pays, mélange de rudesse majestueuse et de chaleur humaine, en font une destination attractive pour les Français. Au-delà de cette beauté panoramique, c’est la convivialité des Ecossais qui me fait tant aimer cette terre, et je suis très heureuse que ma fille grandisse ici.

La réglementation explique-t-elle ce succès ?

MC : En partie. Tout d’abord, l’Écosse est bien desservie par les routes et les ferries. Il n’y a pas de voies ou de ponts à péage, ce qui est assez unique. Nous disposons également d’un large éventail de campings et de loueurs de camping-cars ; les législations et le code de la route sont similaires à ceux de la France. Toutefois, une nouvelle réglementation vient d’être introduite quant aux zones à faibles émissions (LEZ) ; dans le centre d’Édimbourg, Glasgow, Aberdeen et Dundee. Ensuite, le camping que nous, les Français, appelons « sauvage » ne l’est pas en Ecosse : hormis des zones privées ou indiquées (bien surveiller l’affichage), le stationnement est libre et ce, au sein même d’un environnement naturel omniprésent, souvent grandiose. Passer plusieurs nuits au cœur des Glencoe, sur une plage des Hébrides ou Shetlands, au bord d’un lac des Cairngorms…c’est possible. Bien entendu, propreté et respect des sites s’imposent et nous insistons sur ce point, qui prend parfois de l’ampleur. Enfin, le pays offre toute durée de séjour, du long weekend à plusieurs semaines (https://www.visitscotland.com/things-to-do/itineraries).

Pour un étranger, il semble compliqué de venir avec son propre véhicule : traverser la Manche ou louer sur place ?

MC : Il est très facile de se rendre en Ecosse avec son propre véhicule ou d’en louer un sur place. Si vous prévoyez de prendre le ferry, vous pouvez rejoindre plusieurs ports d’Angleterre situés à une courte distance en voiture, en train ou en bus de l’Écosse. Sur place, l’offre de location est très étoffée compte tenu du succès de la destination. En outre, on trouve beaucoup de campings, zones aménagées pour vider les déchets et eaux usées, selon la saison – attention tout de même aux fermetures en hiver.

Pourtant, la carte du pays laisserait craindre la complexité d’un roadtrip : des dizaines d’îles, de fjords, de canaux !

MC : L’image est tenace, mais détrompez-vous ! L’Ecosse est une destination très pratique et accessible ; les liaisons maritimes sont aussi régulières que nombreuses car indispensables à la vie quotidienne des Ecossais. Si vous souhaitez voyager sur les iles, il est fortement recommandé de réserver ses traversées en ferry a l’avance : point crucial, quelle que soit la saison, car vous pourriez vous retrouver privé d’aller…ou bloqué en l’attente d’un retour. La météo marine reste un paramètre en Ecosse : mais des mises à jour horaires sont établies, et le réseau national Caledonian Mac Braine est très fiable.

On parle souvent du coût de la vie en écosse.

MC : Il a malheureusement augmenté ces dernières années, mais comme partout en Europe. Essayer d’estimer le coût de votre voyage en Écosse sera différent pour chacun, et tout dépendra de la manière dont vous comptez voyager : combien de temps aimeriez-vous rester ? quelles expériences souhaitez-vous vivre ? Envie de mixer vanlife et activités de découvertes ? Il existe de nombreuses façons de découvrir l’Écosse sans se ruiner, compatibles avec un mode de voyage itinérant. L’Office du Tourisme Ecossais peut vous proposer une offre tous publics, via de nombreuses attractions gratuites.

Dernier cliché : on y sert généreusement du whisky, et l’alcoolémie y est donc mieux tolérée ?

MC : Cliché en effet ! On boit de manière responsable en Ecosse. L’image a vieilli et aujourd’hui, zéro tolérance avec l’alcoolémie au volant. 

Quels serait votre TOP 6 d’itinéraires en camping-car ?

MC : Magique et réputée, la « North Coast » (route NC500) souffre un peu de sa popularité, en particulier à cause des…camping-cars. Si elle demeure incontournable, 6 alternatives de choix existent parmi tant d’autres, ainsi que quelques « tips » suivants :

https://www.visitscotland.com/travel-planning/touring/scenic-driving-routes
https://www.visitscotland.com/travel-planning/touring/motorhome-spots
https://www.northeast250.com/see-the-route/
https://www.scotsman.com/travel/the-coig-what-is-it-where-does-it-cover-and-everything-you-need-to-know-about-these-new-tourist-routes-1403767
https://www.visitscotland.com/things-to-do/itineraries